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J’entrouvre la porte à toi, l’étranger, qui vient de je ne sais où, à la tombée de la nuit.
Les interrogations se bousculent dans ma tête et même à haute voix au fur et à mesure que je te dévisage : tu es trempé, tu as l’air épuisé, fatigué, complètement replié sur toi-même. As-tu fait un long voyage ?
Pourquoi cette tête penchée ? Tiens, tu te redresses.
Je ne saisis pas toutes tes mimiques. Nous ne parlons pas le même langage, en effet. Nous pouvons au moins tenter de nous comprendre, n’est-ce pas ?
C’est à ce moment précis que tu passes la tête dans l’entrebâillement de la porte et évalue la pièce. Tu ne dis pas un mot mais rien n’échappe à ton regard perçant.
Tu es sans-gêne et mal élevé. Voilà, je te barre l’entrée. Non, je ne t’offrirai pas l’hospitalité cette nuit.
Pourquoi ce regard implorant ? Que signifie-t-il ?
Nos regards se croisent. Nous nous jaugeons, je le sens bien. Tu essaies de m’amadouer.
Tu es si petit, tu as l’air tellement jeune ! Je te comprends. Oui, entre donc.
Dès que tu franchis le pas de la porte, d’une démarche gauche et feutrée, tu te diriges vers la cheminée pour te sécher. Oui, tu peux t’assoupir ici et te laisser envelopper par la chaleur de la pièce.
Je me demande maintenant ce qui m’a pris de te faire entrer, toi, l’étranger,
un chat qui miaulait et grattait devant ma porte.