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Il était une fois un fermier qui avait quatre fils. Les trois aînés étaient grands et forts alors que le plus jeune, Liteul, était si petit, qu’il atteignait à peine la taille d’un coquelicot. « Liteul-le-minus » était le surnom que ses frères lui avaient donné.
Quand les quatre frères eurent vingt ans et des brouettes, le père leur dit :
– Mes fils, vous avez maintenant l’âge d’avoir une fiancée. Partez la chercher au-delà de la forêt. J’offrirai une chaumière avec un joli champ de blé à celui qui reviendra avec la fiancée la plus délicate.
Le lendemain, les trois grands frères quittèrent la maison à l’aube pour rejoindre le long sentier de la forêt. Quand ils arrivèrent au bout du sentier, ils découvrirent une vaste clairière. Ils s’arrêtèrent là, percevant des sons curieux. En prêtant attention, il leur semblait que les sons venaient d’une citrouille, une belle citrouille orange, dodue, installée dans un petit creux, au milieu de la clairière. De longues lianes vertes entouraient et dansaient autour de la citrouille, agitant de larges feuilles et de petits serpentins au rythme d’une farandole effrénée. La citrouille dodue se trémoussait, se balançait d’un côté et de l’autre, swinguait et chantait tout à la fois.
Les trois frères étaient subjugués. Il n’osaient interrompre ce spectacle mais en même temps, intrigués et curieux, ils voulaient voir ce qui se passait. Aussi s’approchèrent-ils lentement, sans bruit. Oui ! C’était bien cela ; cette joyeuse musique venait de la citrouille.
A moment donné, la citrouille fit « chut ! » et la farandole s’arrêta net.
Sortirent de la citrouille cinq graines minuscules qui glissèrent sur les lianes toboggans et se transformèrent en cinq personnages hauts comme des boutons d’or : un majestueux mini-roi, une tout aussi majestueuse mini-reine et trois charmantes mini-princesses. Le roi accueillit les visiteurs en ces mots :
– Bienvenus au royaume de la citrouille !
Les trois grands frères avaient remarqué les trois mini-princesses et commencèrent à se disputer, chacun voulant ramener sa fiancée.
– Nous avons parcouru un long chemin pour chercher une fiancée. Nous pensons l’avoir trouvée, dirent les trois goujats, brutalement, sans cérémonie, en se coupant la parole.
A ce moment précis arriva, tout essoufflé, Liteul-le-minus. Il se présenta et dit :
– Je suis Liteul, le plus jeune frère.
Le roi, qui était avisé et sage, dit aux trois grands frères :
– J’ai besoin de réfléchir et ne peux accéder à votre demande maintenant. Je sais votre déception. Aussi, pour vous consoler, j’offre à chacun de vous une bourse magique : une rouge, une violette et une jaune. Chaque fois que vous aurez envie de quelque chose, dîtes les formules suivantes :
« taca-ta et taca-ti, toi, la bourse rouge, donne m’en beaucoup !;
« taca-ta et taca-ti, toi, la bourse violette, donne m’en encore plus !;
« taca-ta et taca-ti, toi, la bourse jaune, donne m’en une multitude ! »
Liteul-le-minus ne reçut aucune bourse et n’en fut pas jaloux. Il observait les trois charmantes princesses et son cœur battait fort quand il croisait le regard de l’une d’elles.
Le roi avisé et sage s’était aperçu que Liteul était sous le charme d’une de ses filles, la plus délicate des trois et que la jeune princesse rougissait dès qu’elle sentait le regard épris du jeune homme se poser sur elle. Le roi s’adressa à Liteul :
– Je te confie ces trois graines. Quand tu seras de retour chez toi, dépose-les dans le potager de tes parents, compte jusqu’à trois et fais un vœu. Retiens bien ceci : tu n’auras droit qu’à un seul vœu.
Sur le chemin du retour, les trois grands frères chantaient, sifflotaient, se sentaient bien plus chanceux que Liteul-le-minus ; ils pourraient obtenir tout ce qu’ils souhaiteraient et autant de fois qu’ils le voudraient grâce à leurs bourses magiques, alors que Liteul-le-minus, lui, s’était fait avoir une fois de plus. Quel malchanceux !
A peine arrivés à la maison, les trois grands frères étaient si impatients d’utiliser leurs bourses magiques qu’ils s’écrièrent en même temps :
« taca-ta et taca-ti, toi, la bourse rouge, donne m’en beaucoup !;
« taca-ta et taca-ti, toi, la bourse violette, donne m’en encore plus !;
« taca-ta et taca-ti, toi, la bourse jaune, donne m’en une multitude ! »
Dans un bruit de soufflet de forge, sortirent de chaque bourse d’affreux trolls, des gourdins à la main, qui rouèrent de coups les trois frères :
beaucoup à l’un,
encore plus au deuxième
une multitude au troisième.
Quand Liteul-le-minus arriva enfin à la ferme, il salua ses parents, leur raconta son voyage, l’odeur de la mousse et des champignons de la forêt, la rencontre avec le royaume de la citrouille ainsi que les paroles échangées avec le roi. Il n’oublia pas, bien sûr, de mentionner l’une des trois princesses. Puis il se rendit au potager et sema les trois graines. Il compta jusqu’à trois et fit un vœu.
C’est alors que la magie des graines opéra, à l’ombre de la fontaine :
de l’une sortit un petit château,
de l’autre, un jardin tout mignon peuplé d’oiseaux
de la troisième, la délicate mini-princesse, celle dont il était amoureux.
La suite de l’histoire, c’est comme dans les contes : ils se marièrent et furent heureux avec leurs charmants petiots.
Brigitte DANIEL ALLEGRO – Castelnau d’Estrétefonds, le 4 mai 2021
Très jolie histoire, et la chute est tout à fait conforme aux contes d’enfants. Qu’en pensent tes petits enfants ?
Même si Emma est bien grande pour cette histoire, je lui lirais quand elle sera à Pornic.