Les chats l’ont osé

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Cette histoire voyage, de bouche en bouche, depuis des générations et des générations, et se déforme en cours de route. Voici une version qui, comme toutes les autres, pose la même question.

A quoi pensaient les chats ?

Quand ils avançaient tout doux, à pieds de velours, qu’ils écoutaient, épiaient, filaient les humains, les oreilles dressées, les moustaches aux aguets, puis faisaient demi-tour et s’en retournaient, solennellement, ils avaient l’air d’avoir une idée en tête.

A quoi cogitaient-ils ?

Quand ils se frottaient aux jambes des enfants, la queue relevée en point d’interrogation, ronronnant, miaulant, pour obtenir les caresses qui leur donnaient des frissons, leur parcouraient tout le corps, puis s’en retournaient d’un air entendu, sur leur tapis persan, de qui étaient-ils les maîtres ?

Que voulaient-ils signaler aux humains ?

Les hommes étaient aux petits soins des chats. Les chats apprenaient sans cesse des hommes et méditaient. Ainsi s’étaient tissées des habitudes entre les humains et les chats. Jusqu’au jour où tous les chats arrêtèrent de miauler et de ronronner. Ils n’avaient pas été entendus.

Les chats s’étaient tus. Les hommes ne s’en inquiétèrent pas.

Plus tard, on releva un autre fait. Plus singulier celui-là, beaucoup plus insolite : les chats ne mouraient plus.

Ils ne se multipliaient plus. Ils restaient tels quels.

Quels secrets partageaient-ils ?

Sombraient-ils dans le sommeil ? Chaque éveil devenait l’expérience d’une régénération. Les hommes leur assuraient leur bien-être et eux, les chats, ne pensaient plus qu’à l’essentiel. Ils avaient médité, au cours des siècles, à un seul problème : l’immortalité.

Et à force d’y penser, ils l’avaient résolue.

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Brigitte DANIEL ALLEGRO – Castelnau d’Estrétefonds, le 13 septembre 2021

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