La première lampée de bière

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C’est la seule dont on ne se vante pas. Les autres, de plus en plus bouffonnes, de plus en plus cabotines, ne donnent plus d’apitoiement tiédasse mais à l’inverse une exubérance enjôleuse. La dernière, peut-être, retrouve avec la désillusion de finir un semblant de gloire ostentatoire.

La première lampée, pourtant ! Ça commence bien avant le gosier. Sur les lèvres déjà cet or mousseux, fraîcheur amplifiée par l’écume, puis lentement sur le palais un leurre rimailleur tamisé de formules. Comme elle promet d’être bouffonne, la première lampée ! On l’engloutit de suite avec une curiosité pleinement récréative. En fait, tout est écrit : la lampée, cet excès, qui rend l’amorce effrontée, le bien-être immédiat ponctué par un sourire fat, un mot sur le bout de la langue ou un calembour qui les vaut, la sensation indéniable d’un plaisir élixir qui s’ouvre à l’infini…

En même temps, on devine déjà. Tout le meilleur est à venir. On repose sa chope, et on l’éloigne même un peu sur le petit carré buvardeux. On savoure le potentiel des calembredaines, balivernes et parodies goûteuses. Par tout un rituel d’ivresse et d’arrogance on voudrait maîtriser le miracle qui vient à la fois de se produire et de se révéler. On rit avec jubilation du nom précis de la bière écrit sur la paroi du verre. A cet instant, contenant et contenu peuvent s’interroger, se répondre en palindromes, contrepèteries et jeux de mots. On aimerait conserver le secret de l’or pur et le consigner dans des formules. Mais devant la petite tache blanche éclaboussée de soleil, l’alchimiste farfelu soigne sa prestance, et boit de plus en plus de bière avec de plus en plus d’enchantement. C’est un rimailleur désinvolte qui fait ribote pour sublimer sa dernière lampée.

Brigitte DANIEL ALLEGRO

Castelnau d’Estrétefonds, le 4 octobre 2020

Singulière communion

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Dans un salon du palais des congrès de Berlin, Chris, directeur d’un labo de Médecine Spatiale et Alain, chargé de communication, peaufinent quelques détails du colloque de demain sur l’autonomie des personnes âgées fragiles. Alain introduira Bernard, jeune chercheur, dont les études établissent des ponts entre la médecine spatiale et la gérontologie.

– Alain, mentionne la thèse de Bernard sur le vieillissement accéléré des astronautes lors de leurs séjours dans l’espace, dit Chris.

Connu du public averti qui participera au colloque, pas de quoi en faire un plat, pense Alain.

– Alain, souligne les retombées pratiques comme l’entraînement physique des astronautes pendant leurs missions en apesanteur. C’est grâce au modèle de l’astronaute de Bernard qu’on a décroché le fameux contrat de la NASA.

Sympa pour les autres! Il n’a pas été seul à bosser sur ce contrat, même si ses idées iconoclastes ont étépayantes, reconnaît Alain.

– Tu insisteras sur les relations que Bernard a tissées avec le gérontopôle de Toulouse. Ses recherches sur le syndrome de fragilité et son caractère réversible sont les clés pour accompagner aussi bien une population vieillissante que les astronautes. Inconcevable il y a 10 ans !

Lui, toujours lui ! Pas question que je fasse son éloge, pense Alain.

Je refuse net, avertit Alain. Tu apprécies bien Bernard, mets-le en valeur toi-même, tu le feras mieux que moi.

– Depuis quand refuses-tu de faire ton job, rétorque Chris. Tu introduis nos chercheurs, d’habitude. Pourquoi faire exception demain ? Bernard rayonne dans notre labo. Ce devrait être un régal de le présenter. Il dope le labo et nos recherches. Il est génial !

Pour Alain, c’était le mot de trop : GÉNIAL.

– Depuis l’arrivée de Bernard je suis un ex-chercheur relégué aux relations extérieures, avoue Alain. Je passe mon temps entre aéroports et hôtels pour vulgariser les travaux du labo. La com’, c’est moi et moi seul. Ça ne dope pas notre labo, la com’?

– Calme-toi, Alain, je n’ai jamais dit que la com’ n’était pas importante. Je te l’ai confiée, à toi, le doyen du labo. C’est ton bâton de maréchal. Demain tu introduiras Bernard.

Doyen ! Même si j’ai l’âge d’être le père de Bernard il ose me faire remarquer que la porte de sortie est proche. Parlons-en de ce jeune, avec sa dégaine, son jean usé, sa queue de cheval. Et ses sifflements insupportables ! Il m’énerve quand il sifflote. On a l’impression qu’il joue tout le temps.

Tiens, un sifflement.

Bernard, démarche décontractée, rejoint Alain et Chris. Accolade à Chris, poignée de main à Alain.

Le sourire paternel et admiratif de Chris crève les yeux. Alain est rongé d’envie à l’égard de ce rival qui l’a détrôné.

Une pulsion destructrice commence à poindre.

Impossible de faire l’éloge de ce détestable p’tit jeune.

Comment entraver sa conférence ?

La pulsion décuple sa divagation et l’excite.

Imaginer quelque chose d’irréversible. Le supprimer, lui, Bernard. Ça y est, je tiens la solution : un empoisonnement. Du cyanure de potassium dans une boisson. Rapide, efficace et ouste, plus de Bernard !

– J’ai une course à faire. Je vous retrouve au dîner, dit Alain en s’extrayant de son fauteuil.

– Je compte sur toi demain ! Réponse de Chris, appuyée d’un clin d’œil. Il pense qu’Alain a besoin de prendre l’air pour revenir dans de meilleures dispositions. Il le connaît bien, c’est juste un peu de fatigue.

De retour, Alain passe au bar et commande trois verres de Gin tonic, boisson qu’affectionne Bernard.

– Je les apporte moi-même à notre table, propose-t-il au barman.

Il introduit avec jubilation et sang-froid le poison libérateur.

Dans le brouhaha informe, il distingue et se dirige vers la voix chaude et joviale de Bernard.

Chris et Bernard heureux d’être ensemble ! Cette complicité lui est insupportable.

La pulsion l’aveugle et le dope.

– Alain, c’est sympa, tu nous gâtes, dit Bernard .

– A TES recherches, au labo ! répond Alain en posant minutieusement le plateau sur la table.

Au moment où Chris et Bernard se lèvent, une panne électrique plonge la salle dans le noir. A tâtons, chacun prend son verre.

Singulière communion entre Chris, père du labo, Alain, fils révolté et Bernard, inspirateur, souffle, énergie irradiante du labo. L’obscurité a rendu cet instant d’euphorie sublime. Les lumières reviennent. Ils sont là, debout, verre à la main.

Brutalement Alain se crispe, ses joues bleuissent. Il s’écroule sur la moquette. Bernard et Chris se regardent, stupéfiés.

Brigitte DANIEL ALLEGRO – Castelnau d’Estrétefonds, le 25 septembre 2020

Le concept store des Mâles Propres Toulousains

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Les enseignes toulousaines recèlent quelques perles… GRIS-PERLE

qui sentent bon « La Terre de Pastel – Le boudoir par Nature »… EN MINIATURE.

Dans cette ville, gérée il y a fort longtemps par les Capitouls…MABOULES

un grand voile de tissu masque présentement la réfection de l’hôtel de ville…FOSSILE

offrant à la méditation du passant ce texte subséquent…FORT ÉLOQUENT :

« Dédié à Messieurs les Capitouls »…MABOULES

« Parleur très humble et très obéissant serviteur Camas »…SAGACE.

Ailleurs, « La Rhumerie en cale sèche »…LA DèCHE

délie les langues de nos beaux hâbleurs toulousains…UN QUART SARRASIN

100 % rugbymen dans leurs tripes…STEREOTYPE.

Ici le rugbyman est talonneur…C’EST TOUT A SON HONNEUR.

Nombre de lieux prennent soin de ces mâles au tempérament bien trempé…VOIRE DISSIPé

compatible avec une coquetterie inscrite dans leur génome…POLYCHROME.

« L’Institut d’Expertise Capillaire » leur assure, par des soins personnalisés…ET AVISéS

un cuir chevelu et des moustaches pérennes…QUELLE VEINE !

« Se dépasser – Se surpasser » dans le Fitness Park…SANS PARQUES

c’est bien l’hygiène de vie de nos rugbymen en herbe…IMBERBES

pour se transformer et coller à la vision de leur modèle du Stade Toulousain…VOISIN.

Il est un lieu, à la devanture modeste, qui cache bien son jeu…MORBLEU !

« Le concept store des Mâles Propres »…AVEC AMOUR-PROPRE.

Tout ce que notre Mâle toulousain désire…AVé PLAISIR

est là, à sa portée, en un simple clic…ACROBATIQUE.

Imaginez un peu des produits sublimes pour sa moustache…BRAVACHE

ou des soins divins pour son corps…DE STENTOR !

Sachez que notre Mâle toulousain a l’âme particulièrement sensible au bel canto…ANIMATO.

Il chante souvent dans plusieurs chorales….LOCALES

un répertoire éclectique (la Renaissance, troisièmes mi-temps de rugby, variétés)…DIVERSITé

avec un penchant pour Claude Nougaro, Sandoval ou Big Flo & Oli…NOS CHÉRIS

qui ravit les cœurs des toulousaines…ZEN.

Il a un don pour raconter tout événement avec passion…ET DÉLECTATION

d’un accent chantant…VOIRE ENVOÛTANT

usant d’un vocabulaire imagé…BIEN FORGé

ponctuant ses phrases de « putain con »…CON !

s’exclamant de « ooOOOH Con »… ou de « Boudu CON » !

Ici, on s’espante (*) entr’amis ou en famille…OUI MA MIE

à qui racontera le plus bel exploit…QUI SOIT.

Notre Mâle Propre toulousain est aussi poète à ses heures…QUEL BONHEUR !

L’Académie des Jeux Floraux (en occitan Acadèmia dels Jòcs Florals)…THÉÂTRAL

est une des neuf sociétés savantes toulousaines…BALIVERNES

qui récompense chaque année les auteurs…PLEIN DE COEUR

des meilleures poésies en français et en occitan…EXALTANT!

Cette année, le thème est « Clair de Terre »…J’EN TOMBE A TERRE!

« Bou-hou-hou-Du! Que vais-je raconter, con!

Et pourquoi pas Clair de Jupiter, tant qu’on y est…POIL AU NEZ!« 

Ayez confiance, cher lecteur de ce délire…A EN PÂLIR.

L’inspiration ne manque jamais à notre sympathique Mâle Propre toulousain, prenant soin de lui, rugbyman, chanteur, poète de surcroît…OUI MA FOI.

Il consacre une partie de ses activités professionnelles… EN RITOURNELLES

à des objets truffés de capteurs…EXPLORATURS

qui s’arrachent de la gravité terrestre…LEGS DE SES ANCÊTRES.

L’aventure humaine des pionniers de l’aéropostale…AVEC SUR SON PIEDESTAL

Saint Ex, Guillaumet, Mermoz et leurs camarades…NOMADES

a bercé tous les petits toulousains qui prennent à coeur…EN AMATEUR

de poursuivre cette aventure…EN CLAIR OBSCUR

ou relèvent des défis à vous espanter…VOUS DEROUTER

en ayant pour preuve des satellites ou des fusées….TRÈS PRISéES.

Cela forge un esprit de persévérance, de fraternité, de respect et d’humilité, con!

(*) traduction pour les non toulousains du verbe « espanter » :

signifie surprendre, ébahir, épater, sidérer quelqu’un par une action, un fait relaté, ou un exploit.

Avec toutes mes excuses aux Mâles Propres Toulousains.

Commentaire :

Profitant d’un rendez-vous chez mon ophtalmo à Toulouse j’ai noté les noms des enseignes sur mon chemin. J’ai accumulé ainsi des bouts phrases (comme « La maison du vélo » – « le vélo sentimental » ou « Prép’art – la prépa privée aux écoles d’art publiques »), sans savoir a priori ce que j’en ferais jusqu’au moment où, dans la rue de l’ophtalmo, je tombe sur l’enseigne vieillotte d’une toute petite devanture

« Le Concept Store des Mâles Propres – Comme chez lui (soins pour hommes) ».

Il m’a semblé que je tenais peut-être là un début de récit. Mais comment le rattacher à la consigne ?

J’ai parcouru avec beaucoup de gourmandise le site des oulipiens en essayant de trouver ma consigne : ponctuer les propositions avec des rimes : solution de facilité, je l’affirme.

Au fil de l’écriture, je me suis souvenue d’un jeu d’enfant, en voiture, où nous rajoutions, mon frère, ma sœur et moi, des « poil au … » pour ponctuer en rimes les fins de phrases de mes parents. Cela finissait toujours mal. Cela

avait le don de les agacer. Il fallait se taire jusqu’à la fin du trajet. Nous mimions alors les mots, ce qui était encore plus rigolo, poil au dos !

Brigitte DANIEL ALLEGRO

Castelnau d’Estrétefonds, le 18 août 2020

Battements du cœur, battements du temps

Temps de lecture : 4 minutes

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1

Frôlement sur l’épaule. Je lève le bras. Les filets d’air se divisent, contournent et enveloppent mon bras pour se reformer plus loin. Les larges feuilles du mûrier platane s’agitent. Dans le jardin, bercée par le balancement du hamac, je goûte cet instant de calme et capte des bribes de perception.

Flo & So dans la pataugeoire avec Arthur qui babille. Les voix changent de timbre près de l’eau, plus aigus et toniques.

Il doit être 18h. J’entends « la Toune », la tourterelle de mes voisins, qui se manifeste en fin de journée.

Le bruissement du vent dans les branches des arbres me parvient par vagues successives : le souffle léger prend de la vigueur puis s’estompe, silencieux. La vague suivante arrive, presqu’à l’identique cependant différente de la précédente. Je pense à la série « Ombres & Lumières » de panneaux textiles.

Le couple d’hirondelles, venu nicher sous le toit de la grange, s’occupe activement de sa progéniture. Je suis attendrie et attentive au cours de chant. Je distingue la mélodie des parents de celle, plus hésitante, des oisillons. Fascinant !

2

« Allons ma petite chérie, tu rêvasses ? A toi de jouer »

La pendule sonne une demi-heure. J’aime le battement régulier du balancier que j’associe à ma grand-mère. Je suis assise à la table ronde du séjour. La pièce, de « style provençal », réunit la comtoise, le coffre à pains, l’abat-jour posé sur un guéridon, la table et ses chaises. Elle sent bon la cire d’abeille que j’associe à mes vacances chez Mamy Jeanne.

Je suis seule avec ma grand-mère que j’aime tendrement.

Nous jouons aux cartes, invariablement au rami ou au huit américain, appris quand j’étais petite. C’est le moment où je passe en revue son visage que je trouve si attachant. Elle a un grand front, un regard vif traversant ses grosses lunettes, un grand nez bossu, une toute petite bouche qu’elle maquille de rouge le matin et après-déjeuner. Je me demande l’utilité de ce rouge dont il reste peu de chose en un rien de temps. Le rouge file le long des sillons autour de sa bouche. Drôle d’étoile dans son visage !

Sa petite coquetterie, le parfum qu’elle vaporise sur ses poignets au coucher, qui fait partie d’elle, que je reconnais entre tous, « l’Air Du Temps » de Nina Ricci.

Mamy est ma référence, un guide, un modèle. A 20 ans, j’admire sa force de caractère, ses capacités d’adaptation et son goût sans faille pour la vie. Ses atouts lui ont permis de surmonter un chemin entravé d’aspérités et d’obstacles plus ou moins douloureux, tout en restant ancrée dans ce qui lui est essentiel, une famille unie et curieuse de tout. Veuve à 30 ans, trois enfants en bas-âge, elle les a élevés seule grâce à son métier d’institutrice. Quinze ans plus tard, le petit appartement loué à Bizerte est bombardé et réduit en ruines. Heureuse d’être encore en vie avec ses trois filles, elle quitte la Tunisie pour un point de chute à Grenoble. Dans les bagages, son père et un rescapé, le séjour de « style provençal ».

3

A cet instant, je prends conscience que les cycles, les battements du temps, le rythme, participent à mon goût pour la vie. J’aime l’inattendu et adopte volontiers les chemins de traverse qui pointent vers une découverte d’autres environnements, culturels ou spatiaux.

Ma famille, toujours au centre de mes préoccupations, m’a fait naître et grandir. Merci. Je lui en suis reconnaissante. Les rôles ont basculé au fil des ans. Fêtes de Noël et événements familiaux déplacés chez nous. Ces dernières années, maman est devenue « ma fille ». Révélation, acceptation du cycle inéluctable de la vie. Réflexions sur l’évolution des relations au cours d’une vie, sur la circularité des rôles. Pas facile !

Précieux liens d’amitié. Ils sont le piment qui me déloge de la routine : livres échangés, randonnées, musique, repas élaborés ou pique-nique, tout est prétexte à se retrouver, pour le plaisir de refaire le monde.

Je m’aperçois que je suis particulièrement réceptive à tous les rythmes. Ils m’imprègnent, ils me font vibrer : piano classique, clavier dans un groupe de rock, élève dans un groupe de danse de flamenco.

Partager la danse ou la musique me fait approcher l’intangible, l’immatériel, l’indicible. Sentiment d’être un élément d’un organisme vivant qui a sa propre vie et qui agrège, en continu, les rajustements de chacun aux autres pour un résultat imprévisible, unique.

L’écoute et l’attention de chacun à ce qu’on réalise ensemble dans l’instant et dans la dynamique sont jubilatoires. Aucun mot pour décrire ce ressenti.

4

Au mouillage en Corse. Depuis le pont arrière du catamaran je me laisse glisser dans l’eau cristalline et nage jusqu’à la plage de sable clair. Jaime sentir la mer résister puis coopérer pour me faire avancer. L’eau redevient calme.

Elle a le goût du sel qui me rappelle le mois de vacances, petite, chez ma grand-mère paternelle, en Méditerranée. L’autre mois se passait à Grenoble, chez Mamy Jeanne.

Je joue sur la plage avec mon petit-fils Louis. Nous construisons un « méga château de sable ».

Les vaguelettes nous lèchent les pieds. Une vague plus vigoureuse nous surprend et détruit en un instant notre terrain de jeu. Louis tape des pieds sur les traces de l’écume, dans le sable mouillé, pour exprimer sa colère contre cette « méchante vague ». Je prends Louis dans mes bras et le berce en lui fredonnant la mélodie de « La petite cantate » de Barbara, sa chanson.

Nous sommes interrompus par des bruissements dans les fourrés. Le bruit enfle. Débarque sur la plage un troupeau de vaches. Louis a peur, oublie la vague, s’accroche à mon cou et me serre très fort. Il se détend quand le troupeau disparaît derrière la dune, laissant derrière lui des effluves d’étable.

Sur le petit visage lisse et rond de Louis, les larmes ont laissé des traces blanches, salées.

Je pense à ma grand-mère. Je suis fière des sillons qui creusent mon visage.

« Allez grand-mère, viens faire la course avec moi jusqu’au rocher ».

Brigitte DANIEL ALLEGRO

Castelnau d’Estrétefonds, le 11 août 2020

Laissez parler les p’tits papiers

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« Qualification idéale pour personnes créatives adorant jouer avec les textiles! Vous développerez les connaissances théoriques et les savoir-faire utiles pour une carrière dans le secteur du textile. ». Ces mots, imprimés sur ce p’tit bout de papier ramassé dans un musée du textile, m’interpellent.

Je n’en crois pas mes yeux.

Depuis trois ans je cherche une formation alliant beaux-arts et tissus, pour le seul plaisir de créer des panneaux textiles avec mes doigts, mes mains. Ce p’tit papier recèle-t’il la pépite recherchée ? Je relis le texte à haute voix, prenant mon mari à partie.et téléphone depuis la voiture, sur le trajet de retour à la maison.

« Isabel’s speaking ! » Dans ma confusion, je n’ai pas remarqué que j’appelais en Angleterre, un dimanche. Isabel dévoile la formation « City&Guilds » qui s’impose depuis le Moyen-Âge chez nos voisins anglais. Prisée par les artisans et les artistes, elle est reconnue dans le monde professionnel du textile. Je n’envisage pas de changer de profession mais le contenu de cette formation correspond tellement à ce que je recherchais !

Mon mari hausse les épaules.

« Pas pour toi ! Tu ne vas pas changer de boulot à 45 ans. ».

Isabel poursuit le lever du voile. Les bases du design (couleur, forme, ligne, texture, volume) s’acquièrent à partir de sources d’inspiration historiques et contemporaines et par l’exploration d’environnements familiers ou inconnus. Les cinq réalisations (décor intérieur, accessoire de mode, tenture murale, objet en 3D, projet personnel libre) permettent d’appliquer les connaissances tout en jouant sur le contraste, l’équilibre, les proportions,etc. Deux ans sont requis. Cest long ! Si seulement c’était compatible avec ma vie professionnelle.

Isabel devance ma question. Pour les personnes en activité, elle a reformaté les cours hebdomadaires en six semaines en pension complète avec la tutrice, à 600€ la semaine. Le travail personnel se poursuit chez soi, à son rythme.

Je n’en crois pas mes oreilles, cela devient envisageable!

« Trois semaines sur cinq de congés, d’autant que les enfants apprécient les vacances entre copains. » Mon mari hoche la tête.

Trop tard, le mirage me séduit déjà.

Isabel poursuit. La deuxième partie, l’accompagnement artistique personnalisé, demande trois ans de plus et aboutit à un chef-d’œuvre évalué par une équipe d’artistes internationaux. S’il est retenu pour l’exposition internationale de Birmingham, c’est l’opportunité de s’engager dans une aventure.

J’adhère pas à pas aux paroles d’Isabel et rejette le clignotant qui m’alerte sur la phase cruciale du programme dans lequel je suis impliquée. L’A380, symbole de défis pour nous, ingénieurs, pompe toute notre énergie depuis des années. Je ne peux pas laisser tomber mon équipe de 150 personnes en France, mes homologues européens, mes collègues. Nous devons nous serrer les coudes, préparer les essais en vol, les exploiter. Cela signifie qu’il n’y aura plus de week-ends dans cette phase de mise au point.

Mon mari se retourne vers moi.

« Tu es ingénieur. Tu ne peux t’absenter pour des chiffons.

Tu sais que le programme est hyper tendu. De toute façon, tu ne seras jamais artiste. »

Moi, de réputation souple et posée, qui accepte les missions de « pompier » dans mon entreprise, sans jamais compter mes heures, je me surprends rebelle à 45 ans.

«Eh bien justement ! Parlons des loisirs peau de chagrin, des astreintes du WE, joignable mêmeen vacances : il n’y a plus plus de vie hors des avions. Par ailleurs, les enfants me le reprochent trop. J’ai besoin d’avoir une bulle d’oxygène, à moi.»

Mon ego, révolté, m’a donné le sursaut suffisant pour faire taire mon cerveau raisonnable.

Isabel en vient aux dates d’inscription. Il reste une place dans la session d’octobre.

Ma décision est prise, je m’inscris.

Le lundi, au service du personnel je demande un congé pour convenance personnelle. Mon RH ouvre grand ses yeux. « Pas vous, Ariane. Pas maintenant ! Est-ce que quelque chose ne va pas ? »

Stupeur, incompréhension de mon entourage, collègues, amis, famille. Personne ne saisit mon audace, personne ne peut imaginer ce pas de côté pour explorer un autre chemin, moi la « matheuse, la bête à concours, la raisonnable que l’on consulte pour donner son avis sur tout et surtout n’importe quoi !».

Je tiens bon.

J’ignorais que ce p’tit papier bouleverserait ma vie.

En octobre, je bascule dans un autre monde. Regard interrogateur de mon entourage. Je persiste.Trois ans plus tard, j’accroche « Peau sur Peau » à Birmingham.

Que de rencontres improbables d’artistes! Que d’amitiés originales et fidèles !

Le langage du fil, les gestes ancestraux de broderies ou de teinture ont mis en lumière d’autres clés de communication. Le rapport au temps, rythmé par des gestes a repris une valeur humaine, mémorisée dans les objets. Les liens tissés avec des personnes, en laissant les fils s’exprimer, font goûter à l’universalité de l’art.

Les broderies Yi en Chine, livre ouvert sur ce peuple, pour qui sait décoder les méandres des fils.

Les indiens Kuna du Panama, d’apparence masculine, avec une sensibilité féminine, sont appréciés pour leurs Mola. C’est fascinant de superposer des couches de tissus, de les creuser pour les faire réapparaître sous forme de créatures imaginaires. Métaphore de la couche supérieure, côté superficiel de la vie, avec la dernière, la plus profonde, la plus intime voire spirituelle.

Quels préceptes de vie!

Ma rencontre avec Michèle Odeyé-Finzi, anthropologue partageant l’univers des Dogon du Mali, a été l’occasion de discussions passionnantes où elle raconte ce peuple, ses coutumes, sa cosmogonie, ce qui « nourrit le sens, les sens, continûment à l’œuvre de tous vers tous, de tout vers tout. » [Extrait de son livre « dogon doumbo doumbo »]

« Laissez parler les p’tits papiers, à l’occasion papier chiffon »

Brigitte DANIEL ALLEGRO

Castelnau d’Estrétefonds, le 7 août 2020

A bord du nuage, pour le meilleur ou pour le pire

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« Vent de face de Corfou à Rome, ça ne passera pas avec quatre heures d’autonomie. »

A 11 heures ce vendredi nous sommes tous les quatre sur le tarmac de Corfou. Titi, notre pilote, vient de prendre la météo. Je le sens préoccupé. Il ne retient pas l’option de se dérouter sur Brindisi. Nous sommes tous d’accord car nous n’aurions aucune chance de rentrer à temps pour reprendre le boulot lundi. Après de longues discussions avec le contrôle aérien, la décision prise est de rejoindre Naples. Il faudra bien repérer sur notre route le seul col des Apennins que pourra franchir le petit avion pour rejoindre Naples.

Plan de vol déposé.

J’ai une confiance totale en Titi, un copain d’école, passionné de vol à moteur, de vol à voile et champion régional de voltige. Il cumule à 26 ans 400 heures de vol. Petit bonhomme rondelet, toujours en jeans et T-shirt blanc, il est calme, posé, attentif à la sécurité dans les airs et joyeux luron quand il touche la terre de pied ferme. Son bonjour légendaire, « la vie est une vallée de larmes » qu’il claironne en se frottant les mains, avec un large sourire dans son visage tout rond, est devenu contagieux à l’école. Le copilote, Gérard, quelques dizaines d’heures de vol, prend à cœur son rôle de navigateur. A eux deux, ils forment un bon équipage. Mon mari et moi-même sommes « passagers ». Nous avons rêvé ce voyage en Grèce, en petit avion, alors que nous étions étudiants. Désormais ingénieurs tous les quatre, nous l’avons conçu et mijoté pendant des mois dès qu’il est devenu accessible à nos bourses. Sa seule limite, c’est son calage dans un calendrier car nous n’avons droit qu’à quinze jours de congés.

« Fox Bravo Echo Uniform Juliet requests Authorization to Take Off ».

« Fox Bravo Juliet Clear to Take Off »

Nous décollons enfin en début d’après-midi, les gilets de sauvetage sur le dos. Le moteur ronronne dans un grand ciel. La magie du vol à vue produit toujours ses effets de liberté, de beauté, en navigant dans des échelles différentes. La côte grecque et la péninsule du Péloponnèse défilent sur le bleu profond de l’Adriatique. Nous repérons la petite île, loin des touristes, où nos amis d’école Michaela et Sotiris nous ont reçus si chaleureusement. Déjà la botte italienne se profile et nous apparaît telle une carte de géographie en couleur.

Au loin, j’aperçois un trait gris dans un ciel clair. Nous nous dirigeons dans cette direction. Notre fidèle Rallye 180 ronronne calmement. Nous repérons les Apennins et le col crucial à survoler. Tout est nominal sur notre vol, les instruments de bord affichent une vitesse, une altitude et un taux de montée corrects pour passer le col et de surcroît l’air ambiant est calme. Le trait noir, au loin, s’épaissit cependant à vue d’œil pour rejoindre les contours de la montagne. Le contraste avec la clarté du ciel est saisissant, superbe et rend l’atmosphère irréelle. Je voudrais saisir ces instants fugitifs avec la caméra. Trop tard ! Nous commençons à être secoués, vraiment secoués de plus en plus fort au point que je lâche la caméra, notre précieux cadeau de mariage et attrape la main de mon mari. Titi et Gérard se consultent du regard. Il n’y a plus d’alternative possible. Il nous faut traverser les Apennins pour rejoindre Naples. Titi se retourne « Attendez-vous à être bien tabassés. Passage du col délicat mais ça ne va pas durer longtemps. J’en ai vu d’autres.»

Des rabattants de ce côté du col menacent de nous faire percuter la planète. Titi tire le manche à lui, jusqu’à le coller à son ventre pour tenter de faire monter l’avion. Les secousses s’intensifient. Il fait sombre au milieu du nuage qui nous malmène. L’avion lutte à mort contre ce nuage et peine à prendre de l’altitude. Pas un mot entre nous.

Nous sommes suspendus au sang-froid de Titi.

J’ai les mains moites. Une odeur de sueur flotte dans la cabine. Est-ce l’odeur de l’angoisse âcre et rouge ? Ouf, le col est franchi. Malheureusement ce « ouf ! » ne dure pas car nous sommes immédiatement happés dans ce même nuage qui avance toujours face à nous, tel un rouleau compresseur imperturbable, déterminé, plus fort que tout, et que nous en particulier. Il a développé des mouvements ascendants en son propre sein pour franchir lui-même les Apennins. Le seul hic, c’est qu’il nous a kidnappés dans sa dynamique. Il nous fait prendre de l’altitude sans que Titi ne puisse le contrer. Le manche est poussé à fond pour piquer. Mais notre petit avion n’est plus qu’une légère feuille à la merci du nuage qui nous aspire encore plus haut.

Dans ma tête, les hypothèses se bousculent. « Jusqu’où allons-nous monter, sans oxygène ni pressurisation dans la cabine ? Ce serait trop bête d’en finir ainsi.». Je pense à ma famille, à mes amis. J’agrippe mon mari qui a le regard figé vers l’avant. Il n’en mène pas large, lui non plus. Tout vibre, tout tangue violemment. Le bruit d’un vent fort nous menace.

Brutalement, le ciel s’éclaircit.

Titi nous a sortis du nuage et l’avion reprend son ronronnement régulier.

Il ne nous reste plus qu’à trouver l’aéroport de Naples.

C’est à ce moment précis que j’ai pris conscience de la gravité de la situation que nous venions de vivre. Je croyais Titi infaillible. Or le stress, au passage du col, lui avait ôté toute capacité de lire la carte aérienne et de situer l’aéroport de Naples.

Panique à bord.

Gérard liste à haute voix les points de repère (la baie de Naples, etc.) que personne ne voit. Titi vire à 360°, impossible de nous positionner ! « Tenez, prenez la carte, et essayez de repérer l’aéroport, vous deux, à l’arrière. Je refais un virage complet. »

Nous étions si proches de l’aéroport que la tour de contrôle nous a pris totalement en charge par liaison radio. Une fois posés, nous apprenons que l’aéroport restera fermé tout le WE pour cause de mauvais temps.

La vie a failli être une vallée de larmes !

Brigitte DANIEL ALLEGRO

Castelnau d’Estrétefonds, le 23 juillet 2020

Le tout premier trio

Temps de lecture : 4 minutes

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Atmosphère tamisée derrière le rideau de scène. Ce soir, un léger trouble me chahute, me taquine. Je n’y prête pas attention. Je suis dans les coulisses avec mon groupe de rock « SevenΦtender ». Notre formation, toute jeune, est ici pour son tout premier concert en public. Je ressens au fond de moi cette énergie si particulière et stimulante qui circule dans le groupe. Cette fois-ci elle est étrange, singulière, différente de celle des répétitions. Je suis incapable de la décrire. Est-ce la pénombre et l’écran entre nous et la salle qui décuplent mon attention au moindre bruit ? Je distingue nettement les craquements du plancher et des bruits grinçants de chaises couvrant le brouhaha informe du public.

La balance a été faite dans l’après-midi. Les instruments de musique et les enceintes sont en place. Je perçois, aux clins d’œils, aux hochements de têtes, aux sourires niais échangés en silence dans le groupe, que l’entrée en scène approche. Au fond de la salle, la régie est prête. Les projecteurs s’allument. Le brouhaha du public s’estompe. Le silence occupe l’espace. Le trouble chahuteur devient de plus en plus oppressant. C’est bizarre. Je n’ai jamais ressenti cela. Je tente d’évacuer cette oppression en me concentrant sur le premier morceau du concert, « The show must go on » de Queen, où les deux claviers vont exceptionnellement tenir le tempo, seuls, pendant les huit premières mesures. Zut ! Cela ne passe pas. Ma vue se trouble. J’ai de plus en plus de mal à respirer. Mes oreilles bourdonnent puis plus rien. Je ferme les yeux. Défilent alors dans ma tête des souvenirs gravés au plus profond de ma mémoire.

Cela se passait dans mon école, j’avais tout juste quatre ans. Pendant les récréations je discernais, dans le brouhaha de la cour, des sons qui semblaient venir d’en haut, de l’étage réservé aux grands. Ces sons m’attiraient irrésistiblement.

Un jour, n’y tenant plus, je vais dans le hall des grands, emprunte leurs escaliers puis, arrivée à un palier, me dirige comme un automate vers ce son magnétique. Je franchis un porche et me retrouve dans une immense salle mystérieuse. Mes pas résonnent. Je m’immobilise. Mes yeux seuls bougent, appréhendent la salle d’un mouvement circulaire. A droite, des vitraux colorés. Au milieu une très longue table dont je ne vois pas le bout car j’arrive à peine à la hauteur du plateau. A gauche, une rangée de portes entrouvertes ou fermées, d’où s’échappent les sons qui me font signe, m’interpellent.

N’osant perturber la magie de ce lieu, je me dirige à pas feutrés vers ces sons et pousse la première porte. Une petite fille, juchée sur un tabouret, les jambes ballantes, s’amuse toute seule avec un énorme piano. Ses mains se baladent doucement, sautent, rebondissent sur le clavier et le piano lui répond avec des sons liés, doux, piqués, joyeux, espiègles. La petite fille ne m’entend ni ne me voit . Elle semble hors d’atteinte, dans sa bulle.

J’avance et pousse la deuxième porte. Un petit garçon et une dame jouent ensemble avec un autre piano. Mon cœur bat fort, très fort. Une émotion de bonheur me gagne, m’envahit. La dame m’aperçoit du coin de l’œil et s’arrête de jouer. D’ un geste de la main, elle m’invite à entrer dans la petite pièce. Je suis paralysée. Ai-je fait une bêtise en quittant la cour de récréation ? J’hésite à passer le seuil de la porte. Mais la dame a déjà tout compris et me rassure d’un large sourire. Elle m’installe sur un autre tabouret, à côté du petit garçon, et me laisse faire connaissance avec le piano. Vu d’en haut, le piano m’apparaît beau, majestueux et accueillant. Il me rassure grâce à son rythme régulier de barres blanches sur lequel reposent des bûchettes noires regroupées par paquets de trois

ou de deux. Mes petits doigts explorent sans timidité les touches noires comme les touches blanches, un doigt après l’autre. J’écoute, respire, m’imprègne de ces sons qui me font vibrer.

Certains me font penser à des petits oiseaux, d’autres à des gouttes de pluie, d’autres à un méchant loup. Dans ma tête, je me raconte l’histoire de « Pierre et le loup ». Quelque chose de magique se produit. Je ne me rends pas compte que le petit garçon m’a rejointe dans mes tâtonnements et imprime à mon jeu une pulsation, un rythme, auquel je me suis accordée. L’alchimie prend si bien que la dame ajoute, par touches subtiles, quelques harmonies et amène le trio improvisé vers d’autres rythmes. J’ai l’impression de n’être plus que sons, musique, air. Je suis légère. Je n’ai plus aucune notion de temps, de lieu ni même de qui je suis. Je prends confiance et m’aventure à jouer avec plusieurs doigts en même temps ; je fais glisser une main sur le clavier, dans un sens, dans l’autre puis écrase une main entière sur plusieurs notes et fais durer le son. Ce charme s’arrête brutalement au son de la cloche qui sonne la fin de la récréation.

C’était ma première improvisation en trio ; je ne le savais pas encore. Mais ce dont j’étais sûre, c’est que je comptais bien troquer mes récréations pour goûter à ce lieu enchanteur, envoûtant, hors du temps.

Je reviens tout doucement à moi en entendant les voix de mes amis. J’ouvre les yeux et réalise que le groupe « SevenΦtender » est au complet dans une petite salle derrière les coulisses. Que s’est-il passé ? Je ne saurai jamais pourquoi ce malaise est arrivé à ce moment-là. Je me sens beaucoup mieux et me relève. L’orage taquin qui me troublait est passé.

Le groupe entre en scène.

Chacun ajuste sa place.

Le concert démarre avec ses ingrédients de connu et d’inconnu qui en feront sa singularité.